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Les plantes médicinales

Nos ancêtres se soignaient par les simples. A l’époque la cueillette des plantes en pleine nature ne comportait aucun risque pour la santé. De nos jours, même au fin fond de la campagne, les végétaux sont soumis aux résidus de la pollution atmosphérique et des traitements chimiques de l’agriculture. Pour se soigner naturellement il est très important d’utiliser des plantes de qualité, sinon cela ne sert à rien, autant s’en remettre à la chimie moderne… Certes, une plante totalement dépourvue de résidus toxiques n’existe pas car, même si nous la cueillons dans une nature préservée, dans notre jardin ou que nous l’achetions chez un producteur biologique, il n’est pas possible d’empêcher la pluie ou le vent d’apporter des résidus polluants sur les lieux de pousse. Une plante 100% pure ne sera jamais totalement exempte de résidus, mais si elle n’en possède qu’un taux minime, nous pourrons la consommer sans risque.

La récolte

Afin de respecter les principes actifs des végétaux, la cueillette doit se faire par temps sec, en séparant chaque espèce. Une connaissance des différents cycles végétatifs est indispensable car les plantes doivent être récoltées au moment où leur teneur en matière active est à son maximum. Soyez prudents toutefois si vous êtes néophyte et que vous improvisiez une cueillette en pleine nature, certains végétaux n’ont rien de médicinal… Il vaut mieux être expérimenté ou très bien documenté. Attention également aux espèces protégées, la cueillette est d’ailleurs interdite dans de nombreux parcs et lieux publics. La cueillette requiert de grands soins. La plupart des plantes sont fragiles, et si une partie du végétal se casse, cela peut entrainer dans la partie isolée un certain nombre de transformations biologiques avec dissolution des nutriments essentiels. Les plantes ainsi récoltées seront ensuite triées puis séchées.

Les techniques de séchage

Retirer l’humidité d’une plante doit se faire progressivement. Il faudra tout d’abord éliminer toutes les impuretés, terre, poussière, etc. en passant les parties récoltées rapidement sous un filet d’eau froide. Le séchage sera différent s’il s’agit de feuilles ou de plantes entières. Pour les feuilles, ce sera relativement facile et rapide, pour les tiges et les sommités, par contre, il faudra attendre d’obtenir une consistance friable, facile à briser. Pour un séchage en été, à la chaleur naturelle sous abri, il faut compter 3 à 8 jours pour les fleurs et 4 à 6 jours pour les feuilles. A l’automne et au printemps, ce sera nettement plus long. En hiver, dans une pièce chauffée, les végétaux pourront sécher tranquillement, étendus dans des cagettes, ou, s’il s’agit de plantes entières, suspendues en bouquets, fleurs en bas, à l’air libre et près d’une fenêtre. Certaines plantes médicinales cultivées pour leurs fruits ou pour leurs sommités peuvent sécher sur place pendant un certain temps, mais ni en plein soleil, ni sous la pluie… Le séchage artificiel est à éviter (radiateur, par exemple) car la dessiccation des plantes risquerait d’être trop excessive.

Le stockage

Pour conserver intactes les substances actives des plantes, l’idéal est de les stocker dans des bocaux en verre, bien fermés et dans l’obscurité. Il faut éviter les emballages et sachets en matière plastique qui favorisent la moisissure. Certaines plantes, en particulier celles riches en huiles essentielles, sont plus fragiles et devront être vérifiées souvent pour éviter que toute trace d’humidité, de moisissure ou d’insectes ne s’installe, ce qui altérerait leur valeur médicinale.

Quelques basiques…

Somptueuse ombellifère pouvant atteindre 2 m de hauteur, l’angélique pousse à l’état sauvage dans les massifs montagneux des Pyrénées et des Alpes. Son odeur musquée est très agréable et ses grandes ombelles en forme de boules, garnies de fleurs blanches et roses, donnent à l’automne des graines semblables à de petits œufs. Toutes les parties de la plante peuvent être utilisées, mais surtout sa grosse racine renfermant une huile essentielle particulièrement efficace pour lutter contre tous les désordres digestifs. Stimulante, tonique et cholagogue, l’angélique possède d’excellentes propriétés antispasmodiques. Elle calme les douleurs intestinales et agit également sur les bronches. Elle peut être utilisée comme antidépresseur.

Artichaut Cynara scolymus
Cette belle plante originaire d’Afrique du Nord fut importée en France à la Renaissance. Les plus gros artichauts se trouvent en Bretagne et représentent un atout majeur dans l’économie régionale. La partie consommable est le bouton de la fleur, si délicieux avec une vinaigrette. Les feuilles quant à elles sont souvent utilisées pour soigner efficacement les troubles du foie et de la vésicule biliaire. La cynarine, principal constituant de la feuille d’artichaut, est amphocholérétique et a donc la pouvoir de stimuler à la fois la formation et l’élimination de la bile. Hépatoprotecteur et régénérateur de la cellule hépatique, l’artichaut peut donc être utilisé avec succès pour accélérer le renouvellement du foie.

Bardane Lappa major
Grande et robuste plante bisannuelle, la bardane se trouve à l’état sauvage au bord des chemins et dans les clairières des régions tempérées. Ses racines allongées sont riches en acides-phénols et en polyènes, ce qui confère à la plante des vertus à la fois cholérétiques et diurétiques, permettant l’élimination des toxines au niveau du foie et des reins grâce aux acides-alcools, mais également antibactériennes grâce aux molécules linéaires insaturées contenues dans les polyènes. La bardane peut donc être utilisée à juste titre pour soigner certaines affections de la peau comme l’acné, l’eczéma, les abcès et les furoncles grâce à son action dépurative. Au printemps, ses jeunes tiges peuvent être consommées comme de jeunes pousses pour faire baisser une glycémie trop élevée chez les personnes souffrant de diabète.

Bourrache Borrago officinalis L.

Plante annuelle originaire du Levant, la bourrache se propage très rapidement, aimant particulièrement les décombres et les sols riches en azote. Très répandue en Europe méridionale et centrale, elle possède d’étonnantes propriétés permettant de lutter contre le vieillissement de la peau. Ses jolies fleurs, aux pétales d’un bleu profond, étaient jadis utilisées en infusion pour adoucir la gorge. Mais c’est l’huile, contenue dans les graines, qui donne à la bourrache ses vertus émollientes. Possédant deux acides gras polyinsaturés essentiels : l’acide gammalinolénique et l’acide linoléique, l’huile de bourrache améliore la qualité de la peau en évitant son dessèchement, elle freine le processus de vieillissement et prévient la formation des rides. Par ailleurs, ses jeunes pousses et ses fleurs fraîches peuvent être dégustées en salade.

Chiendent Agropyrum repens
Cette mauvaise herbe, si redoutée des jardiniers, possède cependant des qualités diurétiques et anti-inflammatoires exceptionnelles. Dans l’antiquité, le chiendent était utilisé avec succès pour dissoudre les calculs urinaires. Plante vivace, de 30 à 40 cm de hauteur, le chiendent pousse un peu partout et possède de longs rhizomes rampants, émettant de nombreux rejets souterrains. D’où sa réputation d’herbacée envahissante. Ce sont ces rhizomes, riches en fructosanes, qui sont récoltés à l’automne et au printemps. Le chiendent est donc fortement recommandé pour lutter contre les infections et inflammations urinaires tels que la cystite, les calculs urinaires mais également les œdèmes.

Coquelicot Papaver Rhoeas
Cette plante sauvage, pouvant atteindre 90 cm de haut et qui colore gaiement les champs au mois de mai d’un rouge vif si particulier, est originaire du Bassin Méditerranéen mais pousse un peu partout dans le monde. Les pétales du coquelicot renferment un alcaloïde : la rhéadine, également présent dans l’opium. C’est donc en toute logique que cette plante possède de remarquables propriétés sédatives et anxiolytiques. Cependant, le coquelicot ne crée aucune dépendance et peut être prescrit sans danger aux enfants agités. Il favorise l’endormissement, calme la nervosité ainsi que les palpitations cardiaques. Par ailleurs, la présence de mucilages adoucissants dans ses pétales permet au coquelicot d’apaiser efficacement la toux et les irritations de la gorge.

Eucalyptus globulus
Arbre ornemental originaire d’Australie et de Tasmanie, pouvant atteindre 80 à 100 m de hauteur, l’eucalyptus globulus fut introduit et acclimaté dans le sud de la France, en Provence, dès 1860. Outre sa capacité à assainir les régions marécageuses, l’eucalyptus est reconnu dans le monde entier pour ses propriétés antiseptiques et antibactériennes pouvant soigner avec succès les infections de l’appareil respiratoire. Ce sont ses feuilles, que l’on récolte d’avril à septembre, qui sont utilisées en phytothérapie mais également en médecine vétérinaire. La feuille d’eucalyptus, riche en huile essentielle, contient de l’eucalyptol. Cette huile est mucolytique, elle fluidifie les sécrétions pulmonaires favorisant ainsi leur évacuation. Également antitussive, elle agit efficacement sur les irritations de la gorge. L’essence d’eucalyptus est le moyen le plus naturel de prévenir le rhume, la sinusite et la bronchite.

HoublonHumulus lupulus
Grande plante grimpante et volubile originaire d’Asie, le houblon fut dans un premier temps utilisé pour ses propriétés stomachiques et toniques digestives. Importé en France au XIIè siècle, le houblon est utilisé dans la préparation de la bière en raison de cette saveur amère très particulière qu’elle lui apporte. Ce sont sur les pieds femelles que sont recueillis les cônes de houblon, des inflorescences vert pâle, également appelées « Lupulin ». Ces cônes renferment une huile essentielle volatile aux propriétés sédatives et hypnotiques et, outre la préparation de la bière, les cônes de houblon sont utilisés pour combattre la nervosité, l’anxiété et les troubles du sommeil. Dans les pays germaniques, on remplis de cônes de houblon les oreillers des enfants agités pour favoriser leur sommeil. Le houblon renferme également des substances d’action proche de celle des œstrogènes. Les femmes présentant un déficit en œstrogènes (règles douloureuses, troubles de la ménopause) peuvent sans risque bénéficier des vertus du houblon.

Lavandula vera
Arbrisseau vivace, couvrant les coteaux calcaires ensoleillés de Haute Provence, la lavande, plante au parfum unique, possède l’huile essentielle la plus pure. Outre son effet sédatif sur le système nerveux, la lavande est un excellent antiseptique et anti-inflammatoire et agit sur les infections des voies respiratoires. Utilisée sous forme d’huile essentielle, d’essence ou de fleurs séchées (uniques pour parfumer les armoires ou encore en infusion), la lavande est la plante qui possède le plus de propriétés universelles : antispasmodique, analgésique, tonique, diurétique, stimulante, hypotenseur, cicatrisante, anti-mélancolique … Elle entre dans la composition de nombreux parfums et peut même guérir une piqûre de vipère sous forme de cataplasme de fleurs écrasées.