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Les ados et la scolarité

Pourquoi ont-ils du mal à s’adapter au collège ?
Après l’école primaire, le passage au collège fait plonger nos gamins dans un monde étrange, aux cours morcelés, aux visages multiples, aux heures fractionnées. Dans certains cas, des plages de temps vides succèdent à des périodes de bousculade. En perdant leurs repères familiers, beaucoup d’enfants se trouvent désorientés au cours du premier trimestre.
D’autant que 11 ou 12 ans, c’est l’âge du début de la puberté…

Tout à fait ! Pour peu que leur puberté les travaille, ils seront d’autant plus troublés « au dehors » qu’ils sont désarçonnés « en dedans ». Alors, vigilance et patience à la maison ! Ce n’est pas le moment de mettre trop de pression sur eux. Au contraire, soyez protecteurs et attentifs.
Aidez-les à exprimer leurs doutes, écoutez les reproches qu’ils peuvent formuler sur le « bahut », sur les* enseignants, sur le programme, même si ces remarques vous horripilent et si vous les trouvez infondées.
La réussite scolaire est une question d’adaptation à l’école, ne l’oubliez pas ! Un bon élève n’est pas une meilleure personne qu’un mauvais élève, c’est une personne plus adaptée au système scolaire.

Il sèche les cours, comment réagir ?

C’est le moment d’avoir une conversation sérieuse. Mais pour cela il ne faut pas dramatiser. Toutes les formes d’absentéisme ne se ressemblent pas. Ma fille, bonne élève, séchait parfois les cours au printemps…
Elle avait une âme de poète ?
Oui, de poète et de faussaire ! Elle imitait parfaitement ma signature et je ne m’en suis aperçue que le jour où elle a entrepris d’imiter celle des parents de ses camarades. Comme elle utilisait mes formules de politesse, le lycée a fini par découvrir la supercherie et par me convoquer. Je n’en fus pas ravie, mais je comprenais bien qu’elle ait envie de profiter des premiers rayons du soleil. Aujourd’hui, elle termine son doctorat et ne manque jamais la floraison des arbres fruitiers…

La question est donc celle-ci : pourquoi votre enfant sèche-t-il les cours ? Il est possible qu’il s’ennuie un peu, qu’il se sente à l’étroit dans le cadre scolaire, qu’il ait besoin de vivre des expériences, qu’il traverse un moment difficile à l’école ou à la maison… Si vous en parlez avec lui calmement, vous pouvez découvrir ses raisons et l’aider à… entendre raison. Si vous le braquez, vous n’obtiendrez rien d’autre qu’un mur de silence et un sentiment de révolte, d’incompréhension, voire des comportements d’opposition.

Pourquoi ne comprennent-ils pas l’importance de l’enjeu scolaire ?
Mais ils le comprennent tout à fait ! Ils voient bien que les parents sont obnubilés par cet enjeu. Beaucoup d’adolescents en souffrent : ils trouvent cette fixation un peu stérile et réductrice. Ils ont l’impression que leurs parents ne pensent plus qu’à une chose : les résultats scolaires ! Et je suis de leur avis. Je crois que les parents feraient mieux de relâcher parfois la pression sur ce sujet. Cela aiderait les adolescents à vouloir réussir pour eux-mêmes, et pas pour papa et maman.
En fait, certains parents se comportent comme si la réussite scolaire de leurs enfants leur appartenait, leur revenait de plein droit ou leur était due. Vous imaginez dans quel piège se sent alors enfermé l’élève qui n’a plus le droit d’échouer, et qui se voit même voler le plaisir de la réussite par l’attente parentale !
Qu’on me comprenne, je ne dis pas qu’il faut se désintéresser des résultats scolaires de ses enfants, mais qu’il faut les suivre de manière moins acharnée… et surtout qu’il faut s’intéresser à ses enfants plus qu’à leurs notes en maths ou en anglais !

Comment réagir face à l’échec ?

Ne punissez pas l’échec ! Je crois qu’un enfant réussit mieux sa vie s’il se sent responsable de ses échecs sans que ceux-ci lui soient reprochés : toute mauvaise note est une punition en soi. Il n’est pas nécessaire d’en rajouter. De même, un bon élève doit être félicité — et non récompensé ! — de ses bonnes notes : il voit ainsi que ses parents ne prennent pas pour un dû la réussite que ses capacités lui font obtenir.
Celui qui travaille et ne réussit pas a du mal à soutenir son effort. On peut comprendre qu’il lui soit difficile de ne pas se relâcher lorsque son travail ne paie pas. Alors, soyez tolérants. N’en rajoutez pas. Ne vous moquez pas, ne lui faites pas honte ! S’il le pouvait, il réussirait.

Alors on abdique ?

Il faut, avant tout, bien connaître votre enfant et beaucoup communiquer avec lui. Cela vous permettra de mieux comprendre pourquoi telle matière l’ennuie, ou pourquoi tel professeur provoque un blocage chez lui. Ensuite, vous devrez l’aider : par exemple, en lui proposant des leçons de rattrapage. De nombreuses associations le permettent pour un coût modique. Dites-vous que votre soutien est indispensable, qu’aucun élève ne réussit s’il ne travaille pas à la maison. Si votre vie familiale ne vous permet pas d’aider vos enfants, trouvez un relais pour vous suppléer. Il est fort difficile pour les parents de suivre la scolarité des collégiens : trop de matières sont enseignées, il y a trop de nouveautés, et on ne peut généralement pas s’y retrouver ! Il est alors inutile de s’acharner… D’autres personnes sont plus douées que nous pour faire travailler nos enfants.

Mon conseil : surtout, efforcez-vous de maintenir le contact avec votre ado, demandez-lui son avis, écoutez-le. Il a certainement des tas de choses à vous dire sur ce qui l’intéresse dans la vie. Mais il ne le fera qu’à une condition : que vous lâchiez la pression et que vous ne viviez pas comme un échec personnel ses difficultés scolaires.